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Suivre les progrès de l’Europe dans la réalisation des objectifs 2020 en matière de climat et d’énergie

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Article Publié 26/01/2018 Dernière modification 11/05/2021
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L’Union européenne (UE) s’est engagée à atteindre plusieurs objectifs climatiques et énergétiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à améliorer l’efficacité énergétique et à stimuler l’utilisation des sources d’énergie renouvelable. Comment l’AEE suit-elle les progrès réalisés par les États membres de l’UE pour atteindre ces objectifs? Nous avons demandé à Melanie Sporer, experte de l’AEE dans le domaine de l’atténuation du changement climatique et de l’énergie, d’expliquer le rôle de l’Agence dans cette tâche. Elle a également présenté les progrès annuels dans le dernier rapport «Trends and Projections» [Tendances et Projections].

Pourquoi l’AEE réalise-t-elle un rapport «Trends and Projections», pourquoi est-ce pertinent?

Notre rapport annuel «Trends and Projections» constitue un élément important de la surveillance des données et des rapports que nous réalisons. Nous évaluons les progrès réalisés par les États membres et l’UE dans son ensemble pour atteindre les objectifs climatiques et énergétiques qu’ils se sont fixés. Ces objectifs comprennent, pour 2020, une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre, une part de 20 % des sources d’énergie renouvelable dans la consommation finale brute d’énergie et un objectif d’efficacité énergétique de 20 %.

L’évaluation vise à montrer les derniers progrès réalisés par l’UE dans son ensemble et par les différents États membres pour atteindre les objectifs. Cet exercice nous permet de voir si des efforts supplémentaires sont nécessaires pour atteindre les objectifs en 2020 ainsi que les objectifs à plus long terme fixés pour 2030 et au-delà (2050). Le rapport rassemble et analyse en détail l’ensemble des données et informations reçues sur les progrès réalisés en vue de la réalisation des objectifs dans le cadre d’une évaluation de l’UE. Il joue un rôle précieux non seulement pour les décideurs politiques aux plans européen et national, mais également pour les ONG, les chercheurs et le public lorsque ceux-ci souhaitent suivre les progrès et comprendre les différentes évolutions. Le fait que les données sont fournies par les pays eux-mêmes (et vérifiées par l’AEE) nous permet également de pointer directement les pays qui ne sont pas à la hauteur de leurs ambitions.

Quels sont les principaux éléments du rapport «Trends and Projections» de cette année?

Les résultats les plus importants du rapport de cette année sont ceux qui indiquent que l’UE dans son ensemble est toujours sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs de 2020 dans les trois domaines concernés. La situation diffère toutefois d’un État membre à l’autre. De plus, si nous considérons des objectifs plus ambitieux à plus long terme, le rapport montre clairement que nous devons réellement intensifier nos efforts.

En ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’UE était déjà en deçà de l’objectif de 20 % en 2015 et a encore réduit ses émissions en 2016. Nous avons observé, pour ces années, une réduction de 22 % et de 23 % respectivement, par rapport à 1990.

En matière d’énergie renouvelable, en 2015 et en 2016, nous avons suffisamment progressé pour devancer la trajectoire indicative vers la part visée de 20 % des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale. Le déploiement constant de sources d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de l’UE se poursuit et l’Union dans son ensemble se situe à environ 17 %. Si nous poursuivons le rythme actuel du déploiement des énergies renouvelables, l’UE atteindra l’objectif de 2030 de 27 % d’énergie provenant de sources renouvelables, mais il semblerait que le déploiement des énergies renouvelables ait légèrement ralenti en 2015 et en 2016 par rapport au rythme moyen enregistré depuis 2005. En l’absence de politiques nationales claires, il pourrait ralentir encore davantage après 2020.

En ce qui concerne l’efficacité énergétique, la situation est un peu différente cette année. Entre 2015 et 2014, nous avons observé une tendance globale à la baisse de la consommation d’énergie. En 2015 et en 2016, la consommation d’énergie a légèrement augmenté, ce qui ne signifie pas que nous ayons modifié la tendance à long terme, mais nous devons observer cette évolution avec attention. Il importe de prendre des mesures supplémentaires afin de garantir que l’UE reste sur la bonne voie. Les États membres doivent redoubler d’efforts pour maîtriser la consommation d’énergie, en particulier si la croissance économique actuelle se poursuit. Il s’agit également d’une question de niveau d’ambition. Les États membres sont libres de fixer leurs propres objectifs nationaux, mais dans l'ensemble, les objectifs nationaux sont moins ambitieux que l’objectif adopté à l'échelle de l’UE. En d’autres termes, le niveau d’ambition globale des pays n’est actuellement pas suffisant pour atteindre l’objectif de l’UE.

Quels sont les domaines plus particulièrement difficiles du point de vue de la réalisation des objectifs?

En ce qui concerne la réduction des émissions, ce sont incontestablement les secteurs non marchands tels que les transports, les bâtiments et l’agriculture qui posent problème aux États membres. Ces secteurs sont ceux pour lesquels les émissions ne sont pas couvertes par le système d’échanges de quotas d’émission de l’UE. Les États membres ont des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre couvrant ces secteurs, conformément à la décision relative à la répartition de l’effort. Malgré la tendance générale à la baisse dans les secteurs non marchands, les émissions dans le secteur des transports se sont encore accrues au cours des dernières années. De plus, les États membres ne prévoient actuellement que des réductions limitées des émissions jusqu’en 2030 au titre de la décision relative à la répartition de l’effort. Les baisses les plus importantes sont attendues dans le secteur du bâtiment.

Sur quoi repose le rapport «Trends and Projections»? Quels autres travaux mène l'AEE dans le cadre des objectifs pour 2020?

À l’AEE, nous effectuons beaucoup d’analyses de données, y compris des contrôles de qualité et le suivi des progrès accomplis, souvent en étroite coordination avec la Commission européenne. Nous publions des indicateurs qui viennent compléter les évaluations. Nous établissons également des profils de pays en matière de climat et d’énergie, qui présentent, pays par pays, des tableaux de comparaison et les progrès réalisés pour atteindre les objectifs nationaux. La plupart des données utilisées sont fournies par les États membres de l’Union européenne dans le cadre des mécanismes d’information de l’UE.

Nous participons également à l’examen annuel des émissions de gaz à effet de serre au titre de la décision relative à la répartition de l’effort (qui prévoit pour les États membres des objectifs d’émissions pour chaque année entre 2013 et 2020). Chaque année, l’UE vérifie la conformité des États membres. L’AEE joue un rôle important dans ce processus: nous coordonnons cet examen annuel. Nous n’assurons pas la conformité, mais nous préparons les données, les vérifions et veillons à ce qu’elles soient cohérentes et comparables. C’est un exercice assez important que nous effectuons, entre janvier et juin, en collaboration avec environ 22 évaluateurs provenant de différents États membres.

L’Agence travaille aussi sur d’autres rapports connexes. Nous publierons bientôt un nouveau rapport sur l’énergie renouvelable. Ces différentes analyses seront également présentées dans notre rapport phare sur l’état de l’environnement, qui sera publié d’ici 2020.

 

Melanie Sporer

Experte de l’AEE dans le domaine de l’atténuation du changement climatique et de l’énergie

Entretien publié dans le Bulletin de l’AEE, numéro 2017/4, 15 décembre 2017.

 

 

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